The National Times - Une raquette neuve en quinze minutes: bienvenue dans l'atelier de cordage de Wimbledon

Une raquette neuve en quinze minutes: bienvenue dans l'atelier de cordage de Wimbledon


Une raquette neuve en quinze minutes: bienvenue dans l'atelier de cordage de Wimbledon
Une raquette neuve en quinze minutes: bienvenue dans l'atelier de cordage de Wimbledon / Photo: © AFP

A gauche, une dizaine de cordeurs concentrés sur leurs machines. A droite, des colorants et des pochoirs avec les logos d'une vingtaine de fabricants. Et au centre, une collection de raquettes de toutes les couleurs qui attendent d'être récupérées par leur propriétaire.

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A l'atelier de cordage de Wimbledon, l'activité est déjà frénétique avant même le début des matches.

Dans ce bâtiment tout en longueur, situé derrière la célèbre "Hill" (colline) de Wimbledon, les joueurs peuvent offrir même en plein match un lifting presque complet à leur raquette en quinze à vingt minutes chrono.

Si la tension de la raquette - basse pour plus de puissance, élevée pour davantage de contrôle - n'a aucune influence sur la rapidité des cordeurs, la densité du cordage peut en revanche les ralentir.

"Quand c'est beaucoup plus serré, le cordeur a plus de mal à faire passer ses doigts", explique à l'AFP Eric Ferrazzi, responsable des services raquette chez Babolat, le cordeur officiel de Wimbledon depuis 2022.

"Et surtout, je ne veux pas qu'il aille trop vite," insiste-t-il devant une étagère où s'entassent des bobines de cordages aux noms des joueurs du tournoi - douze mètres sont nécessaires par raquette.

Pour recorder une raquette, un spécialiste n'a en théorie besoin que de "dix à douze minutes. Le problème, c'est que tu ne peux pas tenir le même rythme toute la journée", nuance Eric Ferrazzi.

Encore plus que la rapidité, c'est de la "constance" qu'il attend de ses 23 cordeurs venus du Japon, de France, du Brésil ou encore de Corée. Tous se fient à une règle d'or: "d'abord les montants (cordages verticaux), puis les travers (cordages horizontaux)", martèle le responsable.

Pendant la semaine de qualifications et la quinzaine de Wimbledon, plus de 6.000 cordages seront refaits à l'atelier, un service facturé 24 livres (27,8 euros) par raquette.

Quand un joueur a besoin de faire recorder une raquette en plein match, il donne ses instructions puis la confie à un ramasseur de balle qui l'amène à l'atelier.

Une fois la raquette arrivée, "on la passe en urgence sur le +desk+ d'accueil, c'est un peu le point névralgique", affirme le responsable du service.

Au guichet d'accueil de l'atelier, la demande du joueur est enregistrée et résumée sur un autocollant.

Le cordeur garde ainsi une trace des demandes passées du joueur. Avec 41 nouveaux cordages au compteur samedi, le Néerlandais Botic van de Zandschulp est un des meilleurs clients de l'atelier, devant le Hongrois Marton Fucsovics (40) et le qualifié danois August Homlgren (36).

- Exigences -

Le cordage usagé est ensuite découpé, la raquette sans tamis est confiée au cordeur avant que le logo de la marque soit apposé sur le nouveau cordage, en blanc, en rouge ou en noir.

Il est alors temps pour les coursiers de Babolat de ramener en courant la raquette à son propriétaire.

En spécialistes avertis de la course à pied, les "runners" ont renseigné leurs performances sur une application. Résultat: "lundi (30 juin), les runners ont parcouru seize kilomètres chacun", assure Eric Ferrazzi.

Avant le début de Wimbledon, un atelier de cordage avait également été installé à Roehampton, où se déroulent les qualifications.

Les joueurs peuvent également confier leurs raquettes aux équipes de l'atelier de Raynes Park, un site d'entraînement à quelques kilomètres du All England Club.

Un Grand Chelem, "c'est de l'organisation", souligne Xavier Brémard, cordeur depuis 31 ans.

"On ne va pas donner toutes les têtes de série à un même cordeur, ça serait ingérable", souligne ce Français qui soigne à Wimbledon les raquettes d'Iga Swiatek, Taylor Fritz et Joao Fonseca.

Certains joueurs ont des exigences très spécifiques: ainsi, le Français Adrian Mannarino est réputé pour les tensions très basses qu'il demande aux cordeurs.

Quant à la spécialiste norvégienne du double Ulrike Eikkeri, "c'est l'inverse, elle demande 40 kg", assure Eric Ferrazzi. De quoi arriver "aux limites de la machine. Des fois, la corde ne résiste pas..."

F.Hughes--TNT