
NBA: le Canadien Shai Gilgeous-Alexander devance Jokic pour devenir MVP

Le Canadien Shai-Gilgeous Alexander, meneur du Thunder d'Oklahoma City, a reçu pour la première fois la distinction de MVP de la saison régulière NBA, que personne ne lui aurait prédit il y a quelques années.
Gilgeous-Alexander, dit "SGA", devient à 26 ans le deuxième Canadien récompensé après Steve Nash en 2005 et 2006. Il a devancé le triple MVP serbe Nikola Jokic (2021, 2022 et 2024), lui aussi auteur d'un exercice exceptionnel, suite au vote de cent personnalités des médias.
SGA a mené pour la deuxième saison d'affilée le Thunder à la première place de la conférence Ouest (68 victoires - 14 défaites), compilant des statistiques offensives exceptionnelles, avec 32,7 points par match (N.1 en NBA), 5 rebonds et 6,4 passes en moyenne, grâce à un jeu explosif fait de démarrages et de ralentissements abrupts, suivis d'un lay-up ou d'un tir à mi-distance précis.
Le Thunder d'Oklahoma City mène 1-0 en finale de la conférence Ouest contre les Minnesota Timberwolves, battus mardi lors du match 1, et vise une première finale NBA depuis 2012.
"Sans mes coéquipiers ça n'aurait pas été possible", a commenté Gilgeous-Alexander au micro du diffuseur TNT.
"J'ai utilisé ma 2e place de l'an passé (derrière Jokic) en tant que motivation. Cette année je voulais changer le cours de l'histoire, j'ai fait un bon boulot."
- Drafté en 11e place -
Gilgeous-Alexander est originaire de Hamilton, dans la banlieue de Toronto, où cet ascète retourne chaque été pour y suivre un plan d'entraînement rigoureux, entre un gymnase local et les poids dans son garage, entouré d'amis fidèles.
Le Canadien hérite des qualités physiques de sa mère Charmaine Gilgeous, coureuse de 400 m aux Jeux olympiques de Barcelone en 1992 pour l'île caribéenne d'Antigua-et-Barbuda, devenue travailleuse sociale aux revenus modestes.
"Peu importe à quel point la situation était mauvaise, si je devais crier ou pleurer j'attendais qu'ils (ses deux enfants) soient couchés", raconte-t-elle à ESPN.
Avec son cousin Nickeil Alexander-Walker, joueur des Minnesota Timberwoles, SGA partage à l'adolescence ses rêves de NBA, sans faire partie des tous meilleurs de sa génération.
Avant de finir leur scolarité à la Hamilton Heights Christian Academy (Tennessee, Etats-Unis), Gilgeous-Alexander avait forgé son identité de basketteur à la St. Thomas More Catholic Secondary School d'Hamilton, où son entraîneur lui apprend à se conduire sur un terrain tel un bolide qui changerait de vitesse, à partir d'exercices soigneusement consignés par le jeune joueur dans un carnet.
Après une année universitaire à Kentucky, il est drafté en 11e position en 2018 par les Charlotte Hornets et envoyé directement aux Los Angeles Clippers.
- "Efficace" et "implacable" -
En 2019, il est envoyé à Oklahoma City avec Danilo Gallinari et de nombreux futurs choix de draft contre l'ailier All-Star Paul George, un transfert alors choc qui vaut encore aujourd'hui de féroces moqueries aux Clippers, pour avoir manqué le vrai potentiel du Canadien.
Dans l'Oklahoma, il rencontre son mentor Chris Paul, qui téléphone encore régulièrement à ce "junkie de basket", selon les mots du meneur douze fois All-Star, désormais aux San Antonio Spurs.
Avec le jeune effectif du Thunder et un entraîneur à peine plus âgé que ses joueurs, Mark Daigneault, Gilgeous-Alexander progresse chaque année et passe la barre des 30 points de moyenne par match lors de la saison 2022-2023.
A l'opposé de ses appuis de dragster, SGA affiche toujours un visage calme: "je ne m'inquiète jamais de mon jeu, de comment se passent les choses. Je me concentre sur l'horloge, le score, la possession, je laisse aller le jeu, je le laisse venir à moi", disait-il au début des play-offs.
Avant et après les rencontres, le médaillé de bronze mondial avec le Canada en 2023 fait sensation avec un look moderne et soigné. "En grandissant, quand on quittait la maison on devait toujours bien s'habiller, être certain que son col était plié, que la chemise n'était pas froissée."
Sur le terrain, les statistiques avancées révèlent "un niveau de responsabilité énorme", note pour l'AFP l'analyste Azad Rosay, qui contribue notamment au Dreamcast Show sur YouTube.
"Normalement un joueur avec un tel niveau de responsabilité a des problèmes d'efficacité, lui non, il fait partie des 2% des meneurs les plus efficaces, avec 1,28 point par tir tenté, soit 10% de plus que la moyenne NBA, ce qui est énorme."
"A lui seul, il tire vers le haut son équipe, tellement il est implacable au scoring sur un énorme volume, le tout en perdant très peu de ballons (...) et seulement un quart de ses paniers surviennent après une passe, il crée les trois-quarts de ses paniers à partir de rien."
SGA, moins à l'aise de loin, fait renaître un style "à l'ancienne" avec ses très nombreux tirs à mi-distance, et se montre performant en défense grâce à sa taille (1,98 m), rare à son poste.
F.Hammond--TNT