
Foot: en Allemagne, les géants du passé font vibrer la 2e division

De meilleures affluences que la Ligue 1 et la Liga, un chiffre d'affaires supérieur à celui de son homologue anglais: depuis plusieurs saisons, la deuxième division allemande profite de la fidélité sans faille des supporters de clubs historiques relégués.
Samedi 19 avril, à la Veltins Arena de Gelsenkirchen, le match opposant Schalke 04, mal classé en 2. Bundesliga, et le Hamburger SV, en course pour enfin remonter dans l'élite (2-2) s'est déroulé devant 61.432 spectateurs.
Une des raisons à cela est que ces deux clubs illustres totalisent 13 titres de champion d'Allemagne: 7 pour l'équipe de la Ruhr, 6 pour le HSV, également lauréat en 1983 de la Coupe d'Europe des clubs champions, l'ancêtre de la Ligue des champions.
Une telle affluence, qui peut faire rêver n'importe quel club de Ligue 1 en France, se répète semaine après semaine en 2. Bundesliga. L'antichambre de l'élite du foot professionnel allemand a hérité, au gré de relégations successives, de plusieurs places fortes allemandes.
Lors de l'Euro-2024, en Allemagne l'été dernier, sur les dix stades accueillant les rencontres, la moitié avait pour club résident un pensionnaire de 2e division, tous champions d'Allemagne par le passé: le stade olympique de Berlin (74.500 places) pour le Hertha, la Veltins Arena (61.500) de Schalke 04, le Volksparkstadion à Hambourg (57.300), ainsi que Cologne (50.000) pour le "EffZeh", et Düsseldorf (54.600) pour le Fortuna.
- "Deuxième division jamais connue" -
A cela s'ajoutent d'anciens champions d'Allemagne tels Nuremberg, Kaiserslautern ou encore Hanovre, mais aussi Magdebourg, habitué aux joutes continentales dans les années 1970 et vainqueur en 1974 de l'ancienne Coupe des Coupes, qui rassemblait jusqu'en 1999 les lauréats des coupes de chaque pays européen.
"On a eu en deuxième division une saison comme on en a peut-être jamais connue", estime l'ancien entraîneur de Schalke, David Wagner, interrogé par l'AFP.
Selon un rapport annuel de la Ligue allemande (DFL) publié en février, la 2. Bundesliga a attiré 30.329 spectateurs en moyenne par match, lors de la saison 2023/24, soit un peu mieux que la Liga (29.875) et nettement plus que la Ligue 1 (27.173).
Et la saison 2024/25 s'annonce identique, car selon les cumuls du site internet du bi-hebdomadaire Kicker, plus de 8 millions de spectateurs (8,51) se sont massés en tribunes lors des 279 matches (30.500 en moyenne) de 2e division disputés jusqu'à la semaine dernière.
Dans ce même rapport de la DFL, la 2e division allemande a dégagé pour la première fois de son histoire un chiffre d'affaires pour l'exercice 2023/24 supérieur au milliard d'euros (1,14 MD), quand le Championship anglais en 2022/23 (les derniers chiffres disponibles) devait se contenter de 749 millions de livres, soit environ 875 M EUR.
- "Base de fans de plus de 100 ans" -
"Au cours des dix dernières années, la 2e division est devenue si populaire et si intéressante. Vous avez ces géants traditionnels qui sont descendus, ce qui est un désastre pour eux", souligne à l'AFP l'ancien international allemand Jürgen Klinsmann, champion du monde 1990, qui décrit une atmosphère "totalement folle" dans les stades.
Les clubs "ont une base de fans depuis plus de 100 ans qui leur reste fidèle" et la passion que leur vouent les supporters "est toujours si forte qu'ils profitent tout simplement du passage en 2e division", ajoute Klinsmann, qui a débuté sa carrière dans ce championnat avec les Stuttgarter Kickers dans les années 1980.
L'ancien joueur du Bayern Munich mais aussi de l'Inter Milan, Monaco ou encore Tottenham compare la situation en Allemagne avec la deuxième division italienne où son fils Jonathan évolue avec Cesena. "Il n'y a pas cet aspect qui fascine, avec des stades pleins même si vous évoluez une division plus bas. En Allemagne, le phénomène est que, malgré la relégation, les fans vous restent fidèles".
Le suspense en championnat participe aussi à l'engouement: à trois journées de la fin, cinq équipes se tiennent en un point autour de la troisième place, celle du barragiste.
N.Taylor--TNT