The National Times - La principale agence sanitaire américaine relaie une fausse théorie sur les vaccins

La principale agence sanitaire américaine relaie une fausse théorie sur les vaccins


La principale agence sanitaire américaine relaie une fausse théorie sur les vaccins
La principale agence sanitaire américaine relaie une fausse théorie sur les vaccins / Photo: © AFP/Archives

La principale agence sanitaire des États-Unis évoque désormais un possible lien entre vaccins et autisme, pourtant maintes fois démenti, se faisant l'écho des thèses du contesté ministre de la Santé de Donald Trump, un revirement condamné jeudi par les scientifiques.

Taille du texte:

Dans une mise à jour de son site internet tard mercredi, les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) ont radicalement changé leur réponse sur le sujet.

Jusqu'ici, l'agence rappelait que nombre d'études ont "démontré qu'il n'existe aucun lien entre la vaccination et le développement d'un trouble du spectre autistique", une conclusion partagée par l'OMS et les grandes instances scientifiques.

Mais jeudi ce texte avait été en grande partie remplacé par des éléments de langage reprenant ceux du ministre de la Santé Robert Kennedy Jr, lequel relaie depuis des années des théories complotistes sur les vaccins, notamment sur ceux contre le Covid-19.

L'agence stipule désormais que son précédent démenti n'était "pas fondé sur des preuves" et accuse les autorités sanitaires d'avoir ignoré les études soutenant un tel lien.

Et ce, alors que des années de recherche ont pourtant démontré l'absence de lien de causalité entre les vaccinations et l'autisme ou d'autres troubles du développement neurologique.

- "Moyen Age" -

"C'est extrêmement inquiétant", alerte auprès de l'AFP Helen Tager-Flusberg, spécialiste de l'autisme à l'Université de Boston.

"J'ai l'impression que nous revenons au Moyen Age (...) nous sapons la science en la liant aux intérêts politiques", déplore-t-elle, avertissant que ce changement créera des peurs inutiles chez les parents et les poussera à ne pas faire vacciner leurs enfants.

"Nous allons connaître une augmentation significative des maladies infantiles" mortelles, prévient-elle, alors que certaines, comme la rougeole, opèrent déjà un puissant retour dans le pays sous l'effet des baisses des taux vaccinaux.

D'autres experts et soignants ont condamné avec vigueur la mesure, jugeant l'agence désormais indigne de confiance, tandis que des associations antivaccins remerciaient le ministre.

Au sein des CDC, les gens étaient "très inquiets et en colère", a confié à l'AFP une membre d'un syndicat d'employés.

Le site prêtait par ailleurs à la confusion car il y figurait encore la mention "les vaccins ne causent pas l'autisme", une condition posée en début d'année par un sénateur républicain pour soutenir la nomination de Robert Kennedy Jr.

Médecin de formation, Bill Cassidy a réaffirmé jeudi sur X que "toute déclaration contraire" était "fausse, irresponsable et contribu(ait) activement à aggraver l'état de santé des Américains".

- "Mythe nuisible" -

"En détournant l'attention vers des facteurs dont nous savons avec certitude qu'ils NE causent PAS l'autisme, on prive les familles des réponses qu'elles méritent", a-t-il poursuivi, sans jamais nommer le ministre.

La fausse théorie liant l'autisme à un vaccin infantile - celui contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR) - provient d'une étude truquée publiée en 1998, par la suite rétractée et maintes fois démentie.

"Plus de 40 études de grande qualité" ont depuis été menées "sur plus de 5,6 millions de personnes", a rappelé jeudi Susan Kressly, présidente de l'Académie américaine de pédiatrie dans un communiqué.

Et d'insister: "quiconque répète ce mythe nuisible est mal informé ou cherche intentionnellement à induire les parents en erreur".

Depuis son entrée en fonction, Robert Kennedy Jr a amorcé une profonde refonte des agences sanitaires américaines à coup de limogeages massifs et de coupes budgétaires et a promis d'établir les causes de ce qu'il qualifie d'"épidémie" d'autisme.

Cet engagement inquiète les experts en raison de la complexité du sujet mais aussi du rôle que pourraient jouer des personnalités décriées nommées par le ministre dont David Geier, chercheur convaincu d'un tel lien.

Ce dernier, qui a été reconnu coupable d'avoir pratiqué la médecine sans diplôme adéquat, a produit plusieurs études sur le sujet dont la méthodologie, les données et les résultats ont été vivement contestés.

O.Nicholson--TNT