
Guerre Iran-Israël: réunion diplomatique en Suisse, Trump temporise

Trois ministres européens rencontrent vendredi en Suisse leur homologue d'Iran pour tenter d'avancer vers une issue diplomatique à la guerre qui oppose ce pays à Israël, après l'annonce par Donald Trump qu'il se donnait deux semaines pour décider d'une éventuelle intervention américaine.
Au huitième jour de guerre, les sirènes d'alerte ont retenti vendredi dans le sud d'Israël après de nouveaux tirs de missiles iraniens. L'armée israélienne a annoncé de son côté avoir bombardé des dizaines de cibles à Téhéran pendant la nuit, notamment ce qu'elle a qualifié de "centre de recherche et développement du projet d'armes nucléaires iranien".
Téhéran dément vouloir fabriquer l'arme atomique mais défend son droit à développer un programme nucléaire civil.
Jeudi, le président américain avait évoqué une possibilité "substantielle" de négociations avec l'Iran et déclaré qu'il déciderait "au cours des deux prochaines semaines" d'une intervention de son pays aux côtés d'Israël.
Mais après plusieurs sessions de pourparlers indirects menés depuis avril avec Washington sur son programme nucléaire, Téhéran refuse désormais toute négociation avec les Etats-Unis tant que se poursuivra l'attaque israélienne.
"Les Américains ont envoyé à plusieurs reprises des messages pour appeler sérieusement à des négociations. Mais nous avons clairement indiqué que tant que l'agression ne cessera pas, il n'y aura pas de place pour la diplomatie et le dialogue", a répété vendredi le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi.
- "Une fenêtre" -
Le ministre iranien doit rencontrer dans la journée à Genève ses homologues britannique, David Lammy, français Jean-Noël Barrot et allemand Johann Wadephul, ainsi que la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne Kaja Kallas.
Les Européens comptent "appeler au retour à la voie diplomatique et à poursuivre les négociations sur le programme nucléaire iranien", selon Paris.
"Une fenêtre existe maintenant dans les deux prochaines semaines pour parvenir à une solution diplomatique", a affirmé David Lammy, après une rencontre jeudi avec le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio.
Lors d'une conversation avec le chef de la diplomatie française, M. Rubio "a souligné que les Etats-Unis étaient prêts à un contact direct avec les Iraniens à tout moment", selon une source diplomatique française.
Le ministre allemand a souligné que la démarche des Européens se faisait en coordination avec les Etats-Unis, qui sont "tout à fait d'accord pour que nous les menions".
Au moment où M. Araghchi se rendait à Genève, les médias iraniens ont fait état d'un projet d'assassinat déjoué contre lui.
Selon un conseiller du ministre, Mohammad Reza Ranjbaran, les mesures de sécurité ont permis de déjouer "le grand complot israélien contre lui" qui "aurait peut-être été mis à exécution il y a quelques jours à Téhéran".
- Lueurs rouges dans le ciel -
Vendredi, un drone lancé depuis l'Iran a été intercepté dans la région de Haïfa, dans le nord d'Israël, selon l'armée.
Israël a également lancé sur X un appel à la population pour qu'elle évacue les environs d'une zone industrielle dans le nord de l'Iran avant une "attaque contre une infrastructure militaire".
Les autorités locales ont fait état d'une explosion dans la zone industrielle de Rasht, dans le nord de l'Iran.
La veille au soir, les médias iraniens avaient annoncé que la défense anti-aérienne faisait face à des attaques au-dessus de Téhéran.
Dans les quartiers cossus de la capitale, des habitants contemplaient depuis leur toit des lueurs rouges dans le ciel et les tirs de la défense qui donnaient un faux air de feux d'artifice, a constaté l'AFP.
Au même moment, dans un autre quartier, un individu criait dans une puissante sono :"mort à Israël, mort à l'Amérique!" et ""Allah Akbar", (Dieu est grand) avec de la musique en fond.
Depuis le 13 juin, "plus de la moitié" des lanceurs de missiles iraniens ont été détruits, a déclaré jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, répétant que Téhéran constituait pour son pays "deux menaces existentielles, le nucléaire et les missiles balistiques".
"Toute aide est la bienvenue", a-t-il affirmé, pour parvenir à détruire les installations nucléaires iraniennes.
Israël maintient l'ambiguïté sur sa propre possession de l'arme atomique mais détient 90 ogives nucléaires, selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri).
Les Etats-Unis sont toutefois les seuls à détenir la bombe GBU-57, susceptible d'atteindre le cœur profondément enfoui du programme nucléaire iranien, dans l'usine d'enrichissement de Fordo, au sud de Téhéran.
Les frappes israéliennes ont fait au moins 224 morts en Iran, selon un bilan officiel. En Israël, les tirs de missiles et de drones iraniens ont fait 25 morts.
Les autorités iraniennes ont également imposé une coupure totale d'internet depuis 24 heures, a indiqué jeudi soir l'organisme de surveillance NetBlocks à Londres. C'est la coupure la plus longue depuis novembre 2019, quand le pays était en proie à des manifestations violemment réprimées.
N.Taylor--TNT