The National Times - Premier week-end test pour le contrôle aérien américain, en souffrance

Premier week-end test pour le contrôle aérien américain, en souffrance


Premier week-end test pour le contrôle aérien américain, en souffrance
Premier week-end test pour le contrôle aérien américain, en souffrance / Photo: © AFP/Archives

Plusieurs millions de voyageurs vont faire passer, durant ce week-end férié, un premier test au système de contrôle aérien américain, objet de récents incidents sur fond de technologie vieillissante et de sous-effectifs.

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En quelques jours seulement, Newark (New Jersey), l'un des trois aéroports majeurs de la région new-yorkaise, a connu une série de pannes, dont la plus sérieuse, le 9 mai, a mis à plat, durant 90 secondes, les communications aériennes et les radars permettant de situer les appareils en l'air.

Ces événements ont amené le régulateur de l'aviation civile, la FAA, a réduire le trafic de 25% à Newark jusqu'à mi-juin.

A Denver, la tour a perdu le contact avec les pilotes durant 90 secondes également le 12 mai, mais ils sont parvenus à maintenir les communications en changeant de fréquence.

Pour le ministre des Transports, Sean Duffy, "des décennies d'abandon" ont laissé les Etats-Unis "avec un système dépassé, qui fait son âge".

Une collision le 29 janvier entre un avion de ligne en approche finale de l'aéroport Ronald-Reagan de Washington et un hélicoptère militaire, qui a fait 67 morts au total, a aussi attiré l'attention sur le contrôle aérien.

Sean Duffy a présenté, début mai, un grand plan d'urgence pour rénover les infrastructures de contrôle aérien (ATC) dans le pays.

Lors de sa conférence de presse, le ministre a présenté certains des équipements utilisés par les contrôleurs aériens, vieux de plus de 50 ans, une technologie qui requiert encore parfois l'utilisation de disquettes.

Mais si le projet est lancé, il ne deviendra réalité qu'une fois des fonds alloués par le Congrès et devrait prendre, une fois financé, "trois ou quatre ans", selon Sean Duffy.

- "Horrible" -

En attendant, "il va y avoir des retards cet été", prédit le consultant Jeff Guzzetti, ancien reponsable des enquêtes d'accidents à la FAA.

Avant même le week-end de Memorial Day, qui comprend le lundi 26 mai férié, Ramesh Jaganathan en a fait les frais, arrivé d'Orlando à Newark avec deux heures de retard. "Ca a été horrible", raconte-t-il. "Il va falloir qu'on s'y habitue cet été."

L'ATC souffre aussi d'une pénurie de main d'oeuvre.

"Cela fait au moins dix ans qu'il manque 3.000 contrôleurs aériens", pour 13.300 salariés en poste actuellement, a relevé M. Duffy, attribuant notamment aux équipements obsolètes le manque de vocations chez les jeunes générations.

Lors d'une audition au Sénat, mi-mai, des représentants de la FAA ont rappelé que les logiciels de bord étaient programmés pour assurer une distance minimale entre deux appareils et que les pilotes avaient été formés à une éventuelle panne de communication.

Grâce à ces garanties, ajoutées à la surveillance des contrôleurs, il n'y a pas, en ce moment, de "danger significativement accru pour les passagers" à Newark, assure Frank McIntosh, chef adjoint de l'Air Traffic Organization, entité de la FAA dédiée au contrôle aérien.

Quant à la pénurie de contrôleurs, "quand nous sommes en sous-effectif (...) nous prenons l'initiative de ralentir le trafic" et de limiter le nombre d'atterrissages et de décollages.

Mais ces ajustements ont un coût pour les passagers, car, dans le cas de Newark, ils provoquent, certains jours, l'annulation de plus de 200 vols.

Jeff Guzzetti observe aussi que la FAA est en proie au "tumulte", car plusieurs centaines de ses employés ont été licenciés ces derniers mois, sous l'impulsion de Donald Trump.

Même s'il ne s'agit pas de contrôleurs, "ces suppressions d'emplois ont des conséquences", a averti l'élu démocrate à la Chambre des représentants, Steve Cohen. "L'une d'entre elles est d'amoindrir la capacité d'assurer la sécurité" du transport aérien via des contrôles et des formations.

"Eliminer des postes et encourager les démissions", a ajouté David Spero, président du syndicat des spécialistes de sécurité aérienne (PASS), "cela a un effet démoralisateur sur les équipes."

T.Ward--TNT