The National Times - Dans l'ex-bassin minier français, l'option du grisou face à la crise énergétique

Dans l'ex-bassin minier français, l'option du grisou face à la crise énergétique


Dans l'ex-bassin minier français, l'option du grisou face à la crise énergétique
Dans l'ex-bassin minier français, l'option du grisou face à la crise énergétique / Photo: © AFP

Dans l'ancien bassin minier du Nord de la France, la ville de Béthune exploite le grisou, un gaz de mine autrefois cauchemar des mineurs, devenu atout dans le cadre de la transition écologique.

Taille du texte:

Pour la zone "le gaz de mine est un atout compétitif", estime Pierre-Emmanuel Gibson, adjoint au maire de Béthune en charge de la transition énergétique.

En lançant en 2017 l'exploitation du grisou, "nous avons pris un gros risque, aujourd'hui gagnant. On s'est déconnectés des cours mondiaux pour devenir indépendants sur le plan énergétique. Cela nous permet d'amortir les factures", explique M. Gibson.

Les réserves de grisou dans l'immense réseau de galeries laissé par l'exploitation du charbon --quelque 100.000 kms-- sont estimées par certains experts à près de 150 ans.

A Béthune, combinée à l'incinération des déchets, l'utilisation du gaz de mine permet de chauffer la majorité des bâtiments publics et faire baisser la facture de chauffage de 6.500 logements de 41%, soit environ 450 euros par an et foyer.

La ville se félicite que 88% de son réseau de chaleur soit désormais alimenté par de l'énergie de récupération, avec quelques appoints de gaz naturel pendant la période hivernale.

Romain Devillers, habitant du centre-ville, se félicite qu'avec cette initiative locale, ses factures "ont nettement moins augmenté que celles de la plupart des Français".

"Mon grand-père était mineur, je trouve aussi symbolique que l'héritage de son travail dans les années 60-70 profite aujourd'hui au plus grand nombre", dit-il.

Béthune a signé un contrat à prix fixe sur 22 ans avec Dalkia, filiale du groupe EDF qui finance ce projet de 25 millions d'euros. C'est aussi Dalkia qui transforme le gaz, capté sur trois sites à quelques kilomètres puis acheminé par la société Française de l'énergie.

Toutefois, depuis 2021, en vertu d'un amendement du Code minier, ce n'est plus l'Etat, mais les exploitants qui sont responsables en cas d'accidents sur les anciens sites miniers. Du coup les porteurs de projet ne se bousculent pas.

- "Mieux vaut récupérer" -

Pourtant, au-delà de l'intérêt financier, exploiter le grisou, essentiellement du méthane, pourrait aussi permettre de limiter les impacts environnementaux, se prévalent les partisans de son exploitation.

A Béthune, le système combinant grisou et valorisation énergétique "permet d'éviter l'émission de 293.000 tonnes de CO2 par an", indique M. Gibson.

"Mieux vaut récupérer le méthane, l'exploiter et s'en servir que de le laisser s'échapper", explique Inès Bouacida, chercheuse en énergie à l'Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI).

Pour éviter l'effet "cocotte-minute" dans les galeries, une centaine d'évents relâchent actuellement ce gaz dans l’atmosphère dans la zone.

Mais le grisou "est un gaz fossile comme le gaz classique. A ce titre, il ne peut être considéré comme une énergie du futur ou une énergie verte", nuance Mme Bouacida.

Ce n'est pas non plus "un gaz très abondant". "Ses gisements ne sont pas assez significatifs pour répondre aux besoins de l'ensemble du territoire" français, relève la chercheuse.

S.O'brien--TNT

En vedette

L'Assemblée approuve la loi "simplification", et la suppression des zones à faibles émissions

Après avoir fait planer le suspense jusqu'au bout, et malgré la division du camp gouvernemental, l'Assemblée nationale a finalement adopté mardi le projet de loi de "simplification", et sa mesure controversée d'abrogation des zones à faibles émissions contre la pollution de l'air.

Cruciaux pour la santé des sols, des mille-pattes menacés d'extinction en France

Ils maintiennent en bonne santé les sols de nos plages et de nos forêts mais subissent à leur tour la pression de l'humanité et du réchauffement climatique: une espèce sur cinq des mille-pattes dit chilopodes est menacée de disparition en France.

En Sierra Leone, un sanctuaire pour les chimpanzés menacé par l'alarmante déforestation

Le regard intimidé, Esther et Rio, deux bébés chimpanzés orphelins, se blottissent avec tendresse contre la poitrine de leur soigneuse. Ces rescapés ont trouvé refuge dans un sanctuaire unique en Sierra Leone mais dont l'avenir est à son tour menacé par une alarmante déforestation et l'empiètement illégal sur les terres d'un précieux parc national.

Programmation de l'énergie: l'Assemblée n'entend pas être court-circuitée

L'Assemblée nationale a entamé lundi l'examen d'une proposition de loi qui entend définir le futur énergétique de la France à l'horizon 2035. Mais les députés protestent contre le souhait du gouvernement de publier avant même son adoption définitive le décret fixant notamment la place du nucléaire et des énergies renouvelables.

Taille du texte: