
Le déficit commercial des Etats-Unis à un niveau record en mars

Le déficit commercial des États-Unis, que l'offensive protectionniste de Donald Trump a pour but de réduire, a franchi un nouveau record en mars avec un bond des importations avant l'entrée en vigueur de la majeure partie des nouveaux droits de douane.
La balance commerciale américaine s'est creusée de 14% en mars par rapport au mois précédent, pour s'afficher en déficit de 140,5 milliards de dollars, a rapporté mardi le ministère du Commerce.
Le précédent record datait de janvier.
Les importations de biens se sont inscrites à un niveau très élevé, passant de près de 329 milliards à 387 milliards de dollars, suggérant que les entreprises ont continué à renforcer leurs stocks pour prendre de vitesse la mise en place de nouveaux droits de douane par l'exécutif américain.
Ce dernier avait prévenu qu'il révèlerait des droits de douane "réciproques" le 2 avril. L'ampleur des nouvelles taxes annoncées ce jour-là sur les produits entrant aux Etats-Unis avait largement dépassé les attentes.
Donald Trump a partiellement fait marche arrière depuis, sauf pour la Chine.
Le rapport mentionne notamment une importante hausse des importations de préparations pharmaceutiques en mars (+20 milliards de dollars en un mois).
"Les entreprises ont acheté à l'avance des équipements nécessaires à leur activité et les distributeurs ont rempli leurs entrepôts de biens grand public", résument dans une note les économistes de Wells Fargo.
Pour la suite, "les importations américaines connaîtront un creux car les transactions qui en temps normal auraient eu lieu au deuxième trimestre ou plus tard auront déjà été réalisées", observe dans une note Carl Weinberg, chef économiste chez HFE.
Maintenant que les droits de douane sont en vigueur, relève de son côté l'économiste de Nationwide Daniel Vielhaber, "nous prévoyons une remontée de l'inflation, ce qui aura pour effet de freiner la consommation et la croissance économique, qui sont déjà en train de ralentir".
La ruée vers l'import a eu aussi un impact significatif sur la première estimation du produit intérieur brut (PIB) pour le premier trimestre 2025, annoncé la semaine dernière en recul de 0,3% (en rythme annualisé), après +2,4% le trimestre précédent.
Le président américain justifie les coups de canifs à plus d'un demi-siècle de libéralisation des échanges par l'étendue du déficit commercial des Etats-Unis et la nécessité de revitaliser l'industrie nationale.
L.Graham--TNT