
Singapour: victoire écrasante pour le parti au pouvoir

Le parti au pouvoir à Singapour a largement remporté les élections générales de samedi avec 87 sièges au Parlement sur 97, donnant au Premier ministre Lawrence Wong le mandat clair qu'il attendait des électeurs "pour faire face à ce monde turbulent".
Le Parti d'action populaire (PAP) du Premier ministre singapourien Lawrence Wong, 52 ans, est au pouvoir depuis l'indépendance de ce riche Etat insulaire d'Asie du Sud-Est en 1965. La participation a atteint 65,6%.
"Les Singapouriens ont donné au PAP un mandat fort pour gouverner", s'est félicité le vainqueur lors d'une conférence de presse après l'annonce des résultats.
"Ces résultats placeront Singapour dans une meilleure position pour affronter ce monde turbulent", a-t-il dit, ajoutant qu'ils constituaient un "signal clair de stabilité et de confiance dans (le) gouvernement".
Ces législatives étaient le premier grand test pour le Premier ministre. En poste depuis mai 2024, Lawrence Wong souhaitait sortir renforcé de ce scrutin afin de prendre des mesures face à une situation économique mondiale incertaine.
- Récession "pas à exclure" -
Populaire après avoir dirigé le groupe de réaction au Covid 19 à Singapour, M. Wong a succédé l'année dernière à Lee Hsien Loong, le fils du père de l'indépendance Lee Kuan Yew.
Son arrivée au pouvoir a coïncidé avec une série de défis pour Singapour.
Le ministre du Commerce, Gan Kim Yong, a annoncé récemment que le pays ne pouvait "pas exclure" une récession en 2025, du fait de l'incertitude causée par la hausse des droits de douane américains.
M. Wong a ainsi appelé fin avril à une "restructuration majeure" de l'économie de la cité-Etat, pour résister à la "nouvelle tempête" résultant de la guerre commerciale déclenchée par le président américain Donald Trump.
Le Premier ministre a aussi été confronté à une opposition renforcée, qui fustige l'équipe gouvernementale en place pour ne pas avoir freiné la hausse du coût de la vie et des prix de l'immobilier, appelant également à davantage de voix alternatives au Parlement.
Pour l'analyste politique Nydia Ngiow, le PAP a toujours été considéré comme un bouclier en cas de crise. De plus, selon elle, la guerre sur les droits de douane ne semble pas encore un facteur décisif dans l'attitude des électeurs.
Après avoir mis son bulletin dans l'urne, Mohammed Nazri ben Hadri, 25 ans, a dit à l'AFP espérer "des changements" dans les règles d'accès aux logements sociaux, trouvant "très difficile" de trouver une habitation à acheter.
- "Décision éclairée" -
La domination du PAP avait été grignotée lors des dernières élections, avec une population, notamment les jeunes, désireuse de se faire plus entendre.
Le Parti des travailleurs avait ainsi réussi à obtenir 10 des 93 sièges en jeu lors du scrutin de 2020, contre 4 précédemment.
Les jeunes électeurs se sont montrés de plus en plus réceptifs aux voix politiques alternatives. Une électrice a déclaré à l'AFP qu'elle avait été impressionnée par les nouveaux candidats "rafraîchissants et passionnants" issus de l'ensemble du spectre politique.
"Qu'ils soient élus ou non, j'espère que nous les verrons et les entendrons plus souvent, et que nous apprendrons à mieux les connaître", a déclaré Shi'ai Liang, 40 ans.
Le Parti des travailleurs, devenu plus habile politiquement, espérait poursuivre sur cette lancée avec une liste de candidats charismatiques, dont un avocat de premier plan. Le parti a fortement mobilisé lors de ses rassemblements pendant la campagne, tout comme lors des élections précédentes.
Mais le principal parti d'opposition n'a fait que garder ses 10 sièges, quand bien même il a gagné des voix.
L'omnipotent PAP a encore plus progressé, et en voix et en sièges.
En réponse aux critiques, le parti au pouvoir avait rappelé que l'Etat avait dépensé des milliards d'euros pour aider les citoyens à faire face à la hausse du coût de la vie, notamment par le biais d'aides financières et de bons d'épicerie.
E.Cox--TNT