
Pour le 1er-Mai, la gauche en ordre de marche pour parler aux travailleurs

Marine Tondelier, Olivier Faure et François Ruffin qui entonnent l'Internationale à Dunkerque aux côtés des salariés d'ArcelorMittal: pour ce 1er-Mai, la gauche veut se réapproprier la question du travail, éternel combat pour elle depuis qu'elle a perdu le vote ouvrier.
"C'est un formidable symbole", a vanté jeudi matin la patronne des Ecologistes Marine Tondelier, en saluant la venue de nombreux dirigeants de gauche à Dunkerque pour la fête du Travail.
Dans cette région ouvrière du Nord de la France, le site d'ArcelorMittal est devenu le haut lieu de la contestation sociale depuis l'annonce de la suppression d'environ 600 postes par le géant de la sidérurgie.
Dans un communiqué commun, l'ensemble de la gauche hormis La France insoumise - (Parti socialiste, Parti communiste, Ecologistes, Génération.s et Picardie Debout, le parti de François Ruffin) a demandé une "intervention immédiate de l'Etat", par une "nationalisation temporaire ou durable" et une entrée de l'Etat au capital.
Le patron des députés PS Boris Vallaud a de son côté annoncé le dépôt d'une proposition de loi de mise "sous tutelle" par l'Etat de ce site.
Chantre de la défense de la classe ouvrière et partisan affirmé du protectionnisme économique, François Ruffin a rappelé jeudi matin, devant le patron du PS Olivier Faure, que "la gauche socialiste a un passif" sur ce dossier.
"ArcelorMittal c'est aussi Florange, c'est François Hollande qui avait promis de sauver cette industrie et qui finalement a abandonné les ouvriers, et ça laisse des traces", a-t-il dénoncé.
Olivier Faure, adversaire assumé de François Hollande à l'intérieur du Parti socialiste, n'a pas bronché.
Le porte-parole du groupe écologiste à l'Assemblée nationale, le député Benjamin Lucas, a pour sa part indiqué à la presse qu'il allait "convoquer la direction d'ArcelorMittal" pour leur demander de "rendre des comptes" sur ces licenciements, alors que le géant de la sidérurgie est bénéficiaire et a été soutenu par des aides publiques ces dernières années.
- LFI à part -
Le communiqué commun de la gauche "a été publié sans nous être proposé", a regretté le coordinateur de LFI Manuel Bompard, en appelant à "sauver les emplois et les savoir-faire". Et le dirigeant du parti de dénoncer des "opérations politiciennes ou des combines de congrès".
Une délégation insoumise, menée par la présidente de la commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale Aurélie Trouvé, représentait le mouvement de gauche radicale à Dunkerque.
Mais c'est bien à Paris que Jean-Luc Mélenchon livrera sa traditionnelle adresse du 1er-Mai.
Entre LFI et les syndicats, la CGT particulièrement, la relation n'est pas au beau fixe, notamment depuis les divergences d'approches lors de la lutte contre la réforme des retraites en 2023.
Les seconds demandent régulièrement au premier de respecter leur autonomie.
"Moi je demande plus de coordinations entre ceux qui se battent (...) On ne peut pas se concerter avant pour caler les dates?", a lancé le leader insoumis mercredi soir en meeting à Auxerre.
"Il a parfois besoin de petits rappels" sur l'indépendance syndicale, "ce que la CGT ne manque pas de faire systématiquement, pour dire que les organisations syndicales sont là pour défendre les travailleurs et les travailleuses et ne se laisseront instrumentaliser par aucun objectif partisan", lui a répondu la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet jeudi matin sur franceinfo.
Pas sûr que cela suffise à convaincre les Insoumis.
"C'est vrai qu'on n'a pas toujours bien géré les relations avec les syndicats. Mais pardon, ils ne font rien non plus", déplorait auprès de l'AFP un cadre insoumis avant la manifestation du 1er-Mai.
"Ils n'ont rien proposé ces derniers mois contre le racisme ou le pouvoir d'achat... S'il n'y a pas d'initiative prise, on est obligé de les prendre à leur place", assurait-il.
F.Lim--TNT