The National Times - Bétharram: une institution prisée où régnaient "violences", "prédation" et "silence"

Bétharram: une institution prisée où régnaient "violences", "prédation" et "silence"


Bétharram: une institution prisée où régnaient "violences", "prédation" et "silence"
Bétharram: une institution prisée où régnaient "violences", "prédation" et "silence" / Photo: © AFP/Archives

C'est une institution presque bicentenaire, longtemps prisée des familles aisées béarnaises, mais les plaintes déposées par d'anciens élèves racontent une face plus sombre de l'établissement privé Notre-Dame-de-Bétharram (Pyrénées-Atlantiques), entre "règne du silence", châtiments physiques et agressions sexuelles.

Taille du texte:

C'est dans cet établissement fondé en 1837 au bord du gave de Pau, près de Lourdes, qu'ont été scolarisés plusieurs enfants de François Bayrou, accusé d'avoir menti sur sa connaissance à l'époque de tels faits, ce qu'il conteste.

L'institution catholique, avec son pensionnat à la réputation "stricte", a attiré pendant des décennies de bonnes familles du grand Sud-Ouest ainsi que d'autres, de toutes classes sociales, cherchant à "mater" les "enfants turbulents", ont raconté de nombreux témoins l'AFP.

- "Tout le monde savait" -

"Bétharram, c'était bourré de professions aisées, de commerçants de Lourdes, de Pau et de Bordeaux. On y envoyait les enfants pour avoir le Bac, pour apprendre à faire le lit, à passer la serpillère...", énumère un ancien parent d'élève.

"Vous savez chez les familles nombreuses aisées, c'est comme sur les chemises, il y a toujours un bouton pas comme les autres... alors on l'envoyait à Bétharram", résume ce "petit artisan" aujourd'hui retraité, à l'origine de la première plainte au printemps 1996 pour "dénoncer les méthode barbares" de l'établissement.

Son fils, camarade de classe d'un des fils de François Bayrou, a perdu une partie de son audition après avoir été giflé par le surveillant général.

Parmi les punitions infligées, des témoins évoquent à l'AFP le "supplice du perron", obligeant les adolescents jugés agités à rester en sous-vêtement une à deux heures dehors en plein hiver sur le perron bordant le gave de Pau.

Pour Jean-François Blanco, l'avocat de l'adolescent giflé, "la violence était une méthode éducative et les parents acceptaient qu'on mette leur enfant au pas. En réalité, beaucoup de personnes trouvaient ça acceptable".

L'ancien avocat, devenu élu municipal d'opposition à Pau, se rappelle avoir fait face en 1996 à "l'hostilité" d'un comité de soutien de Bétharram, constitué d'avocats anciens élèves de l'institution.

"Tout ce qu'on révèle aujourd'hui sur des châtiments corporels, c'était connu, c'était même, j'allais dire, la charte éducative de l'établissement. Tout le monde savait que les élèves incorrigibles allaient finir là-bas," abonde Me Thierry Sagardoytho, qui avait défendu une victime dans un premier dossier de viol en 1998, abandonné deux ans plus tard après le suicide du prêtre mis en cause.

- "Prédateurs" et "silence" -

A ce climat de "violence gratuite", s'est greffé au sein du pensionnat "un système de prédateurs" longtemps tu, raconte Alain Esquerre, le porte-parole des victimes de l'établissement.

Parmi les récits des victimes âgées d'entre 8 et 13 ans à l'époque des faits: des masturbations et fellations imposées ou subies plusieurs fois par semaine, des châtiments corporels, menaces et humiliations.

Au total, 112 plaintes ont été déposées auprès du parquet de Pau, qui a ouvert une enquête l'année dernière pour des violences, agressions sexuelles et viols commis essentiellement entre les années 1970 et 1990.

"Bétharram, c'était le règne du silence. On ne pouvait que chuchoter et même les chuchotements, c'étaient des avalanches de coups", ajoute M. Esquerre.

"Dans cet établissement, c'est comme s'il y avait deux univers, l'univers des externes et l'univers des internes (...), un univers dont on ne peut pas supporter l'idée", a expliqué samedi François Bayrou, aux côtés de M. Esquerre.

En tant qu'ancien "parent d'élèves" externes, le Premier ministre a maintenu n'avoir "jamais entendu parlé, quand j'étais ministre de l'Éducation nationale (1993-1997, ndlr), de sévices sexuels".

Un premier rapport, diligenté par l'inspection académique en 1996, à sa demande, a-t-il précisé, avait conclu que Notre-Dame-de-Bétharram n'était "pas un établissement où les élèves sont brutalisés".

Toujours sous contrat avec l'Éducation nationale, l'établissement n'est plus dirigé depuis 2009 par la congrégation du Sacré-Coeur de Jésus de Bétharram et a été renommé Le Beau Rameau.

L'ensemble scolaire, qui a supprimé son pensionnat, accueille désormais 520 élèves de la maternelle au lycée.

"Pour nous, les coupables ne sont plus dans cet établissement, ce sont des faits d'une époque plus ancienne. Mais c'est forcément inquiétant et perturbant pour nos enfants d'entendre tout ça", expliquait à l'AFP un parent d'élève, sous couvert d'anonymat, devant les grilles de l'établissement mercredi.

S.Clarke--TNT

En vedette

Le PS pose ses conditions, Lecornu sous un feu croisé politique et syndical

Les socialistes ont posé leurs conditions dimanche, en particulier sur la fiscalité des plus riches, face aux offres appuyées de dialogue du Premier ministre Sébastien Lecornu, qui se retrouve sous les pressions conjuguées des oppositions, des mouvements sociaux, jusqu'aux agriculteurs et même aux patrons qui menacent de se mobiliser.

Agriculture: la FNSEA appelle à "une grande journée d’action" le 26 septembre

Le syndicat agricole FNSEA appelle à "une grande journée d’action" autour des questions des échanges internationaux pour les produits agricoles le vendredi 26 septembre à travers toute la France, a annoncé son président Arnaud Rousseau dans un entretien au Journal du dimanche.

Agriculture: la FNSEA appelle à "une grande journée d’action" le 25 septembre

Le syndicat agricole FNSEA appelle à "une grande journée d’action" autour des questions des échanges internationaux pour les produits agricoles le vendredi 25 septembre à travers toute la France, annonce son président Arnaud Rousseau dans un entretien au Journal du dimanche.

Lecornu retire la suppression de deux jours fériés et tend la main à la gauche

Le Premier ministre Sébastien Lecornu a annoncé samedi le retrait de la proposition très critiquée et impopulaire de suppression de deux jours fériés prévue par son prédécesseur François Bayrou, tout en tendant la main à la gauche pour sortir de l'impasse budgétaire.

Taille du texte: