La patronne du Louvre défend sa mission, après les critiques de la Cour des comptes
La patronne du Louvre, Laurence des Cars, a affirmé vendredi sa détermination à mener à bien "la modernisation" du grand musée en dépit des vives critiques exprimées la veille par la Cour des comptes, après le vol de joyaux de la Couronne.
"Je veux remercier (pour) la confiance qui m'est accordée" pour "porter la transformation du Louvre", a déclaré la présidente-directrice du musée sur France Info.
Le Louvre "a plus que jamais besoin de transformation, de modernisation, pour devenir pleinement un musée du XXIe siècle. Ce qu'il n'est pas aujourd'hui", a-t-elle ajouté.
La présidente, en poste depuis 2021, avait proposé sa démission quelques heures après le vol de joyaux de la Couronne le 19 octobre, mais celle-ci avait été refusée par la ministre de la Culture Rachida Dati.
A la demande de cette dernière, Laurence des Cars a convoqué un conseil d'administration d'urgence vendredi après-midi pour revoir la gouvernance du musée le plus visité du monde.
Dans un rapport présenté jeudi, la Cour des comptes reproche au Louvre d'avoir "privilégié des opérations visibles et attractives" au détriment de la sécurité.
La Cour "a tort d'être aussi sévère", a réagi Laurence des Cars. Car "nous avons assuré l'ensemble de nos missions et j'ai pris toute la mesure de nos problèmes de sécurité".
Elle a précisé que le plan de sécurisation du musée, ou "schéma directeur" des équipements de sûreté, entrait "en application aujourd'hui", après avoir été "renforcé et complété" dès 2022.
Il consiste en "toute une série de travaux d'améliorations, notamment en matière de vidéosurveillance", qui constitue "un des points faibles" du musée, a-t-elle rappelé, comme elle l'a l'avait déjà fait lors de son audition devant la commission des affaires culturelles du Sénat le 22 octobre.
Si seulement 40% des salles du grand musée sont équipées de vidéosurveillance, "plus de 134 caméras vidéo numériques supplémentaires" ont été installées entre 2023 et 2025, a-t-elle précisé.
"Je n'ai pas le sentiment d'avoir échoué, non, j'ai le sentiment de porter un projet de transformation du Louvre car j'ai pris très vite après ma prise de fonction (en septembre 2021, ndlr), la mesure des problèmes du Louvre", a-t-elle martelé, réaffirmant avoir alerté "la représentation nationale dès 2023".
- "Panier de fraises" -
Mme des Cars a aussi défendu la politique d'acquisition d'oeuvres du musée, dont le budget dédié représente 20% des recettes de la billetterie, une part jugée trop importante par la Cour des comptes.
En huit ans, le Louvre a acquis 2.754 oeuvres dont moins d’une sur quatre sont exposées, selon son rapport.
Mais pour Mme des Cars, "le Louvre est un tout dans lequel il ne faut pas opposer les travaux aux acquisitions des oeuvres, l'accueil de tous les publics".
"L'acquisition de trésors nationaux qui ne doivent pas quitter le territoire français, fait partir de mes priorités. On aurait aussi été extrêmement choqués si nous n'avions pas pu acheter le Chardin", a-t-elle fait valoir.
En 2024, le Louvre a acquis Le "Panier de fraises", nature morte de Jean Siméon Chardin classée trésor national pour 24,3 millions d'euros. Cet achat a été financé grâce à sa campagne annuelle d'appel aux dons (1,6 million), 15 millions apportés par LVMH, 500.000 euros par la société des amis du Louvre, le reste provenant d'autres grands donateurs et des crédits d'acquisition du musée.
Selon Mme des Cars le budget des acquisitions devrait "baisser mécaniquement" grâce à "la différenciation tarifaire de l'entrée du musée (plus chère pour les visiteurs hors UE à compter de 2026, ndlr).
Entre 2018 et 2024, le Louvre a mobilisé "105,4 millions d'euros pour l’acquisition d’œuvres et des 63,5 millions d'euros en faveur de la rénovation des aménagements muséographiques", contre "26,7 millions d'euros pour la mise en œuvre des travaux d’entretien et de mise aux normes et 59,5 millions d'euros pour la réalisation des travaux de restauration du palais au titre des monuments historiques", détaille le rapport de la Cour des comptes.
Parallèlement au débat sur le Louvre, l'enquête se poursuit pour retrouver les joyaux dérobés, d'une valeur de 88 millions d'euros. Quatre suspects ont été mis en examen et écroués.
K.M.Thompson--TNT