The National Times - L'Uruguay vote une loi autorisant l'euthanasie, une première en Amérique latine

L'Uruguay vote une loi autorisant l'euthanasie, une première en Amérique latine


L'Uruguay vote une loi autorisant l'euthanasie, une première en Amérique latine
L'Uruguay vote une loi autorisant l'euthanasie, une première en Amérique latine / Photo: © AFP

L'Uruguay est devenu le premier pays d'Amérique latine à voter une loi autorisant l'euthanasie sous certaines conditions, après des années de va-et-vient parlementaire et malgré la résistance de l'Église catholique.

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Deux autres pays, la Colombie et l'Équateur, ont dépénalisé le suicide assisté respectivement depuis 1997 et 2024, suite à des décisions de justice faisant jurisprudence. Mais c'est la première fois qu'une loi le permet en Amérique latine.

Dans une région marquée par l'influence de l'Église, l'Uruguay est laïc et souvent précurseur en matière de droits. Le pays a par exemple légalisé le mariage homosexuel, l'avortement et le cannabis.

Le recours à l'aide à mourir voté mercredi reste tout de même limité. Pour en bénéficier, il faut être majeur, citoyen ou résident d'Uruguay, être apte sur le plan cognitif, en phase terminale d'une pathologie incurable ou provoquant des souffrances insupportables, avec une grave détérioration de la qualité de vie.

Des étapes préalables seront requises avant que le patient ne formalise ses volontés par écrit.

Initiée par le parti de gauche Frente Amplio, cette loi a été adoptée après des années de lutte.

- Majorité -

L'Église catholique a exprimé sa "tristesse" après le vote, mais la mesure est populaire. Plus de 60% des Uruguayens sont favorables à la légalisation de l'euthanasie et seulement 24% s'y opposent, selon un sondage présenté en mai par l'institut de sondages Cifra.

Beatriz Gelós, 71 ans, souffrant depuis près de 20 ans de Sclérose Latérale Amyotrophique (SLA), une maladie neurodégénérative qui provoque une paralysie progressive des muscles, avait estimé avant le vote auprès de l'AFP que "le moment est venu" de clore le débat dans le pays.

A ceux qui s'opposent à l'euthanasie, elle disait: "Ils n'ont aucune idée de ce que c'est que de vivre ainsi", ajoutant souhaiter "avoir l'option" de dire stop.

Le Sénat a approuvé la loi "Mort digne" par une large majorité de 20 voix sur 31 parlementaires présents.

La Chambre des députés avait donné le premier feu vert en août, et le Sénat, où l'union de la gauche au pouvoir dispose de la majorité, l'a définitivement validée.

- Question "difficile" -

Plus de dix heures ont été nécessaires pour légiférer sur cette question, que plusieurs parlementaires ont qualifié de "la plus difficile" qui soit.

"Je me sens soulagée et heureuse", a déclaré Florencia Salgueiro à l'AFP, célébrant dans les tribunes aux côtés d'autres militants en faveur de l'euthanasie.

Mme Salgueiro a été témoin de la lutte de son père pour obtenir une aide à mourir lorsque la SLA rendait ses journées insupportables. Il est mort sans l'obtenir.

Au milieu des applaudissements et embrassades qui ont parcouru l'assistance après le vote, une voix a néanmoins crié: "Assassins !"

Plus d'une dizaine d'associations avaient rejeté la rédaction du projet de loi, qualifié de "déficient et dangereux".

De son côté, le Collège Médical n'a pas pris de position officielle sur le sujet mais a été consulté tout au long du processus législatif "afin d'assurer les garanties maximales pour les patients et les médecins", a assuré à l'AFP son président Alvaro Niggemeyer.

Lewis--TNT